The decline and the fall of the "spectacular" commodity-economy

English translation of "Le déclin et la chute de l'économie spectaculaire-marchande", by Donald Nicholson-Smith, Paris December 1965

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                                             Fac-simile of 1965 Paris edition




Une fois n'est pas coutume, la traduction en anglais du texte de Debord " le déclin et la chute de l'économie spectaculaire- marchande " sur les émeutes de Watts (13-16 août 1965) a été éditée trois mois avant la parution de l'original en français. Cette brochure de 7 pages, sortie fin décembre 1965, était conçue comme un supplément au numéro 10 de la revue Internationale Situationniste ; elle était par ailleurs complétée par un appendice d'une page, la note de présentation de l'I.S., version anglaise d'un texte collectif dont la rédaction en français avait été particulièrement ardue (entre Debord, Vaneigem et Khayati, du 22 octobre au 6 décembre) ; cette note était destinée à être placée en appendice d'un autre supplément au numéro 10, "Les luttes de classes en Algérie", paru le 21 décembre 1965 :
« Nous avons publié, cette fois, quelques " suppléments " avant le numéro 10 d'Internationale Situationniste, qui paraîtra seulement le mois prochain. [...] À la fin de notre récente brochure anglaise, je crois que vous pouvez trouver un bon résumé (très résumé) de la position fondamentale de l'I.S. » (Guy Debord à Chatterji, 12 janvier 1966).

Dès l'automne 1965, Guy Debord cherche un traducteur qui puisse se charger de la version anglaise du texte :
« Nous allons publier prochainement un numéro 10. Il y aura un article sur la révolte à Los Angeles. Nous pensons le traduire en anglais, pour en faire un tirage à part. Pourriez-vous faire cette traduction ? Il s'agit de onze pages dactylographiées, d'un texte assez difficile, je le crains. » (Guy Debord à Sean Wilder, 12 novembre 1965).

Parallèlement, on met à l'essai un " Anglais de Paris ", Donald Nicholson-Smith :
« Pour la traduction anglaise. Je saurai vendredi si l'Anglais - qui avait l'air très bien - à qui je l'ai confiée l'aura effectivement faite. Sinon, j'enverrai tout de suite le texte à Toulouse, où un abonné américain de l'I.S. a répondu qu'il traduirait volontiers cela en huit jours. Quand nous l'aurons, vous feriez bien en effet de la faire relire par le professeur américain ». (Guy Debord à Mustapha Khayati, mercredi 1er décembre 1965).

L'Anglais remet sa copie dans les délais (ou presque, compte tenu du retard pris pour la finalisation de la notice de présentation de l'I.S.) :
« La traduction anglaise de " Los Angeles " est presque achevée - par l'Anglais de Paris, qui est finalement très bien. Un autre traducteur virtuel - américain - est à Toulouse. Je vais essayer d'obtenir de lui la traduction d'un autre texte : on approche ainsi du matériel d'une brochure en anglais, quand on en trouvera l'occasion. » (Guy Debord à Mustapha Khayati, mardi 7 décembre 1965).

L'élaboration de la traduction anglaise aura aussi permis de donner enfin un titre à l'article à paraître en mars 1966 dans le numéro 10 de l'I.S. :
« J'ai déjà envoyé hier le projet sur Los Angeles (un article dans Le Monde d'avant-hier le renforce splendidement). Renvoyez vos observations. Et, si possible, un titre. On pense à quelque chose qui proclamerait la rationalité, la conduite parfaitement juste " des insurgés de Watts " (les mots nous manquent) - ou bien le titre détourné en bloc : " Introduction à une critique de l'économie politique ", mais c'est une plaisanterie un peu lourde pour un sujet si grave. » (Guy Debord à Mustapha Khayati, 4 novembre 1965).
« " Les raisons de la colère " ? Il semble que le jeu de mots est moins clair en anglais - et il faut que notre titre soit conçu aussi pour " l'édition anglaise ". Alice a proposé tout de suite : " Les raisons de la couleur "... J'ai pensé à " La décadence de l'empire du visible ", mais l'allusion à " l'empire invisible " du K.K.K. est un peu frêle. Peut-être faut-il un titre plus lourdement politique, moins " littéraire " ? Le sujet de l'article, finalement, n'est pas tant la révolte des Noirs que le commencement de l'émiettement du spectacle social régnant à son pôle américain, comme la burlesque querelle Pékin-Moscou est cet émiettement manifesté à son pôle idéologique-bureaucratique. » (Guy Debord à Mustapha Khayati, mercredi 1er décembre 1965)
« On a pris pour finir ce titre : Le Déclin et la chute de l'économie spectaculaire-marchande, parce que cela évoque en anglais The Decline and the Fall de Gibbon. L'idée étant la fin, la sortie de l'économie politique elle-même, qui subsiste comme décadence alors même qu'elle augmente la production (par et en tant que " du spectacle "). » (Guy Debord à Mustapha Khayati, mardi 7 décembre 1965)